Développer un vaccin conjugué contre le méningocoque de groupe A

Un consortium novateur pour un vaccin abordable et sur mesure

MenAfriVac

On s’attend à ce que le nouveau vaccin antiméningococcique conjugué A élimine les épidémies de méningite A en Afrique.

Pour développer un vaccin efficace à un prix abordable, le MVP s’est d’abord efforcé de comprendre les contraintes qui ont limité l’introduction de nouveaux vaccins en Afrique. L’équipe a consulté les responsables africains de la santé publique, qui ont mis en évidence que le prix du vaccin était le principal obstacle et ont indiqué qu’il était impossible de supporter un coût supérieur à 0,50 USD par dose. Ce prix plafond est donc devenu l’élément clé des négociations.

Identifier des partenaires …

Le MVP a analysé les coûts de construction d’une unité de développement et de production pharmaceutique ainsi que les coûts liés à la recherche clinique et aux démarches réglementaires nécessaires à la mise sur le marché d’un vaccin antiméningococcique conjugué contre le groupe A. L’équipe en charge du projet a alors examiné deux approches: (1) subventionner un fabricant de vaccins des États-Unis ou d’Europe pour ce qui est des coûts de développement, en échange du droit d’acheter un vaccin à prix bas; ou (2) acheter les matières premières, développer le procédé de conjugaison et transférer la technologie à un fabricant d’un pays en voie de développement qui pourrait produire le vaccin à grande échelle à un prix avantageux. 

Quand il s’est avéré qu’aucun fabricant de vaccins dans les pays développés ne pouvait produire un vaccin antiméningococcique conjugué contre le groupe A à moins de 0,50 USD la dose, le MVP a poursuivi la seconde approche et, après des recherches attentives, a identifié:

  • des fournisseurs de polyoside capsulaire de méningocoque de souche A et d’anatoxine tétanique – les deux principaux composants du vaccin conjugué (Synco Bio Partners à Amsterdam aux Pays-Bas et Serum Institute of India Ltd [SIIL] à Pune en Inde);
  • un laboratoire de recherche pouvant développer et transférer un procédé de conjugaison (Center for Biologics Evaluation and Research de la U.S. Food and Drug Administration [CBER/FDA] à Bethesda dans le Maryland, aux États-Unis);
  • un fabricant de vaccins pouvant accepter le transfert de technologie et désireux de produire un vaccin conjugué à un coût inférieur à 0,50 USD la dose (SIIL).

Le transfert de technologie entre CBER/FDA et SIIL s’est déroulé en décembre 2003, et en 2004 SIIL a préparé des lots expérimentaux et des lots cliniques du vaccin en utilisant la technologie développée par CBER/FDA. Les tests sur les animaux (toxicité, tolérance locale et immunogénicité) ont également été menés en 2004, et le MVP a lancé la première de ses études cliniques en 2005.

... qui partagent la même vision

Ce consortium représente un autre modèle de développement de vaccin où plusieurs intervenants à travers le monde prennent une part active au développement du produit final, soit en fournissant les matières premières, soit en fournissant la technologie nécessaire à la fabrication du produit, soit enfin en assurant la production à grande échelle du vaccin.

Ce nouveau modèle repose également sur des transferts nord-sud de technologie et de compétences.

modèle du dévelloppement Le MVP réunit les différents composants nécessaires pour le développement du vaccin antiméningococcique conjugué A.

En plus du faible coût du vaccin, ce modèle offre d’autres avantages, parmi lesquels tout d’abord un effort ciblé de développement d’un produit unique, évitant ainsi toute concurrence sur des projets de plus grande valeur, ce qui se produirait inévitablement si les vaccins étaient fabriqués par une société de vaccins bien établie des États-Unis ou d’Europe.

Deuxièmement, plutôt que d’adapter un produit ou une technologie existant mis au point pour des marchés qui fonctionnent au prix fort, le modèle permet de concevoir un produit «sur mesure» pour l’Afrique. Le vaccin antiméningococcique conjugué A est par exemple conditionné en flacons de dix doses contenant des conservateurs, ce qui convient beaucoup mieux à des campagnes de vaccination de masse, mais a un usage limité dans des pays industrialisés.

Photo: Monique Berlier.