Les épidémies en Afrique

La ceinture africaine de la méningite est périodiquement frappée par des vagues épidémiques dévastatrices

Des études scientifiques montrent que la méningite épidémique existe sur le continent africain depuis près de 100 ans. La maladie est surtout présente dans la ceinture de la méningite sub-saharienne, une région qui s’étend du Sénégal et de la Gambie à l’ouest à l’Ethiopie à l’est, et dont la population à risque est estimée à 430 millions de personnes. Les épidémies surviennent pendant la saison sèche (décembre à juin), elles durent deux ou trois ans, avec une période d’interruption pendant les saisons de pluies intermédiaires.

carte de la ceinture méningite en Afrique

La ceinture de la méningite en Afrique. Source: Lutte contre les épidémies de méningite à méningocoque. Guide Pratique OMS, 2è édition, WHO/EMC/BAC/98.3, Genève, OMS, 1998

Taille des épidémies

Ces épidémies peuvent atteindre des proportions énormes et rapidement imposer un lourd fardeau au système sanitaire des pays de la ceinture de la méningite. Lors des grosses épidémies africaines, le taux d’attaque se situe entre 100 et 800 cas pour 100 000 habitants, mais certaines communautés fermées ont signalé des taux atteignant 1 cas pour 100.

Plus d’un million de cas de méningite ont été signalés en Afrique depuis 1988. Un chiffre record de 250 000 cas dont 25 000 cas mortels a été enregistré en 1996-1997 lors de la plus importante épidémie jamais observée dans le monde. Il faut savoir cependant que le tribut humain payé à la maladie est vraisemblablement plus lourd parce que le système de notification systématique de la méningite s’effondre lors des épidémies. De plus, beaucoup de personnes décèdent avant d’arriver dans un centre de soins et ne sont donc pas comptées dans les statistiques officielles.

Vagues épidémiques

Depuis les années 1940, les vagues épidémiques surviennent tous les 8 à 12 ans, mais deux phénomènes troublants ont été observés depuis le début des années 1980: les intervalles entre les épidémies sont devenus plus courts et plus irréguliers, et la ceinture de la méningite semble s’étendre vers le sud et toucher des régions qui avait été épargnées jusque maintenant, comme l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Rwanda (région des Grands Lacs) et la Zambie. A ce stade, il n’est pas possible de dire avec certitude si ces changements sont réels ou s’ils sont le résultat d’une meilleure surveillance de la maladie dans la région.

Bien que la nature de ces cycles épidémiques ne soit pas entièrement comprise, plusieurs facteurs de risque ont été associés au développement d’épidémies dans la ceinture de la méningite. Ce sont notamment:

  • des conditions médicales: sensibilité immunologique de la population;
  • des conditions démographiques: voyages et vastes mouvements de population engendrés par les pèlerinages et les marchés traditionnels régionaux;
  • des conditions socioéconomiques: surpopulation des habitations et pauvreté;
  • des conditions climatiques: sécheresse et tempêtes de sable;
  • des infections concomitantes: infections respiratoires aiguës.

Groupes de bactéries associés à des épidémies spécifiques

Les méningocoques de groupe A sont historiquement la cause de la plupart des épidémies de méningite en Afrique et sont responsables de 80% à 85% des cas de maladie. En 2002, le Burkina Faso a connu une épidémie exceptionnelle due à W135. Depuis lors, les activités de surveillance renforcée ont montré une chute considérable des cas causés par W135, des petits groupes de cas dus au groupe X et au groupe C, et un retour en force du groupe A à travers la ceinture méningitique.

La dernière épidémie importante dans la ceinture africaine de la méningite remonte à 2009 lorsque plus de 80 000 cas ont été rapportés. Le nombre de cas notifiés pendant la saison épidémique de 2009 était le plus élevé depuis 1996 et les analyses en laboratoire ont montré que la plupart des cas étaient causés par le méningocoque A.

Des bulletins de surveillance de la méningite sont publiés de manière régulière.